L'isolation thermique est primordiale pour l'efficacité énergétique d'un bâtiment et le confort de ses occupants. Malheureusement, l'humidité, sous toutes ses formes (infiltration, condensation, remontées capillaires), nuit gravement à la performance énergétique et à la longévité des constructions. Elle favorise l'apparition de moisissures, dégrade les matériaux et crée des ponts thermiques, impactant la santé et engendrant des coûts de réparation importants. Les isolants hydrofuges constituent une solution pertinente, mais pas universelle, pour lutter contre ces problèmes. Ce guide détaille leurs caractéristiques, applications et critères de choix.
Les différents types d'isolants hydrofuges et leurs propriétés
Plusieurs types d'isolants bénéficient d'un traitement hydrofuge ou possèdent des propriétés intrinsèques limitant leur absorption d'eau. Le choix dépendra des contraintes spécifiques de votre projet.
Isolants synthétiques hydrofugés
- Polystyrène extrudé (XPS) : Extrêmement résistant à la compression (jusqu'à 500 kPa selon la densité), l'XPS est idéal pour les sols, les terrasses et les applications souterraines. Son faible coefficient de conductivité thermique (λ ≈ 0.033 W/m.K) assure une excellente isolation thermique. Cependant, son impact environnemental et sa faible perméabilité à la vapeur d'eau doivent être considérés. Il est également inflammable.
- Polyuréthane (PUR) projeté : Appliqué sur site, le PUR offre une isolation performante (λ ≈ 0.024 W/m.K) et une étanchéité à l'air supérieure. Sa polyvalence permet d'isoler des surfaces complexes. Toutefois, il émet des COV lors de la projection, nécessite une expertise technique et sa durabilité peut être affectée par les UV.
- Polyisocyanurate (PIR) : Le PIR présente des performances thermiques légèrement supérieures au PUR (λ pouvant atteindre 0.020 W/m.K) et une meilleure résistance au feu. Il est également plus stable aux UV. Cependant, il partage les mêmes contraintes d'application et d'émission de COV que le PUR.
Isolants minéraux hydrofugés
- Laine de roche hydrofugée : Matériau incombustible et durable, la laine de roche bénéficie d'un traitement hydrofuge améliorant sa résistance à l'humidité. Son coefficient de conductivité thermique varie de 0.035 à 0.045 W/m.K selon la densité. L'efficacité à long terme de l'hydrofugation dépend des conditions d'exposition.
- Laine de verre hydrofugée : Plus légère que la laine de roche, la laine de verre hydrofugée propose une isolation thermique comparable (λ ≈ 0.035 W/m.K en moyenne) avec une bonne résistance à l'humidité grâce à un traitement spécifique. Son installation exige une attention particulière pour éviter les ponts thermiques.
Isolants naturels hydrofugés
- Chanvre traité : Isolant naturel et respirant, le chanvre traité présente une bonne isolation thermique (λ ≈ 0.045 W/m.K), une bonne inertie thermique et une faible empreinte carbone. Son hydrofugation est essentielle pour résister à l'humidité. Il est moins performant thermiquement que les isolants synthétiques.
- Liège expansé : Le liège, naturellement hydrofuge et résistant au feu, offre une isolation thermique correcte (λ ≈ 0.040 W/m.K). Son excellente durabilité et son faible impact environnemental en font un choix intéressant. Cependant, sa résistance à la compression est limitée.
Applications privilégiées des isolants hydrofuges : une approche contextuelle
L'utilisation d'isolants hydrofuges n'est pas systématique. Ils sont particulièrement adaptés à des situations spécifiques où le risque d'humidité est élevé ou où les performances de l'isolation sont cruciales malgré l'humidité.
Zones à fort risque d'humidité
L'hydrofugation est essentielle dans les régions humides, les zones côtières exposées aux embruns, pour les murs enterrés, les caves, les sous-sols, et tout espace en contact direct avec le sol. Un taux d'humidité supérieur à 60% justifie souvent le recours à un isolant hydrofuge.
Dans une maison exposée aux vents dominants, l'utilisation d'un isolant hydrofuge sur les murs extérieurs peut éviter les infiltrations d'eau, réduisant le risque de ponts thermiques et de problèmes d'humidité. L'épaisseur de l'isolant joue un rôle crucial dans la performance. Pour un mur exposé au nord, par exemple, une épaisseur d'au moins 20 cm est souvent recommandée.
Travaux de rénovation et constructions neuves
Lors de la rénovation de bâtiments anciens, souvent touchés par l'humidité, les isolants hydrofuges permettent de résoudre les problèmes d'humidité tout en améliorant l'isolation thermique. En construction neuve, ils sécurisent la performance énergétique du bâti, notamment pour l'ITE (Isolation Thermique par l'Extérieur) et l'isolation de toitures-terrasses. L'isolation des murs de refend peut également nécessiter un isolant hydrofuge pour éviter la propagation de l'humidité.
Comparaison avec d'autres techniques
Les isolants hydrofuges ne remplacent pas systématiquement un pare-vapeur. L'efficacité d'un système d'isolation dépend souvent de la combinaison d'un isolant hydrofuge avec une ventilation contrôlée, un drainage efficace et, le cas échéant, un pare-vapeur adapté. Une étude thermique préalable permet d'optimiser le choix des matériaux et des techniques à mettre en œuvre.
L'ajout d'un enduit imperméable sur la façade est également important pour certaines applications. Une étude du contexte local et une expertise du bâtiment peuvent identifier les risques spécifiques et les meilleures solutions.
Critères de sélection d'un isolant hydrofuge
Le choix d'un isolant hydrofuge repose sur plusieurs critères interdépendants.
Performances thermiques
La conductivité thermique (λ) est le principal critère. Plus la valeur λ est faible, meilleure est l'isolation. Il faut également considérer l'épaisseur nécessaire pour atteindre les performances souhaitées. Une épaisseur supérieure à 10cm est souvent requise pour une isolation performante.
Résistance mécanique
La résistance à la compression est essentielle pour les applications en sol ou soumises à des charges. Elle est exprimée en kPa (kilopascals). Un isolant avec une résistance à la compression de 250 kPa convient mieux aux sols que celui dont la résistance est inférieure à 100 kPa.
Durabilité et impact environnemental
La durabilité de l'isolant, sa résistance aux UV, son recyclage, et son impact environnemental (émission de COV) sont des points importants. Certains isolants naturels comme le liège ou le chanvre ont un impact carbone plus faible.
Coût et mise en œuvre
Les coûts varient significativement selon le type d'isolant et sa pose. Certains matériaux, comme le PUR projeté, nécessitent une expertise professionnelle et augmentent le coût de la main d’œuvre. Le coût global doit intégrer le coût du matériau, de la pose et de l'entretien à long terme.
Le choix d'un isolant hydrofuge demande une expertise et une analyse fine de la situation. Une étude thermique complète, incluant l'évaluation des risques d'humidité et des performances souhaitées, est indispensable pour garantir une isolation performante et durable.